mercredi 27 mai 2009





Je parle à mon père au téléphone & il me dit, on sait que l'économie va mal à Campbellton quand même le pawn-shop fait faillite.




Hier je reviens chez moi & il y a sur mon répondeur un message de Madame la Secrétaire Générale de l'Université. Je m'aperçois en lui téléphonant qu'elle a elle-même une secrétaire, laquelle demande mon nom pour mieux pouvoir m'annoncer. Au téléphone. Suit alors cet échange quelque peu déroutant :

Mme SG : J'ai vu que vous n'aviez pas confirmer votre présence pour la collation des grades du six juin prochain.
[Mise en contexte : j'ai terminé mon baccalauréat en juin de l'année passée. J'étais encore à l'étranger lors de la collation des grades. J'ai reçu mon diplôme par la poste. Les cérémonies de remise durent trois heures & me donnent mal au coeur. Etcétéra.]
Moi : ...je pensais pas y aller?
Mme SG : Je vous prie de reconsidérer cette décision.
Moi : (???) C'est très... attentionné de votre part. Je tiendrai sûrement compte de votre avis.
Mme SG : De grands honneurs vous attendent lors de cette cérémonie.
Moi : Mon diplôme?
Mme SG : La médaille d'argent du Gouverneur général.
[Bref silence.]
Moi: ...qu'est-ce?
Mme SG : Mérite académique. Deux personnes parmi nos quelque dix mille diplômés du premier cycle. Très grand honneur, comme je vous l'ai dit.
Moi : ...
Mme SG : Félicitations! La cérémonie se tiendra le six juin à quinze heures trente.
Moi : Merci?
[Ligne coupée.]

Je me demande ce qu'ils vont me remettre en guise de diplôme. Une feuille blanche cartonnée? Un vieux dépliant de l'université savamment déguisé? J'ai hâte de voir.




Comme je commençais à trouver ma vie trop compliquée, j'ai loué Mulholland Drive. Maintenant je me sens parfaitement saine & équilibrée.



dimanche 24 mai 2009


J'attends Unaï sur un banc au soleil & j'ouvre mon carnet pour y dessiner au crayon vert la borne-fontaine qui chatouille mon champ de vision. Je réussis presque à terminer avant qu'il n'arrive. Lorsqu'il s'assoit à côté de moi il me dit, avec cet accent si particulier, si posé qu'il a, il me dit tu devras me montrer toutes tes attentes. Le double-sens lui échapperait, alors je ne lui explique pas.




Hier, j'ai:

  • parlé de l'été avec un orphelin de Duplessis ;
  • grimpé sur les remparts pour observer Rondo Mondo d'en haut ;
  • appris que les Espagnols n'utilisent pas le terme grippe espagnole ;
  • acheté quatre trucs au Rendez-Vous des Publications Parallèles (... & subséquemment abandonné Les yeux jaunes des crocodiles) ;
  • bu de la bière aux fleurs d'hibiscus (!) sur un toit de Saint-Sauveur ;
  • mangé des têtes de violon, salées & bouillies deux fois ;
  • mis de la crème solaire ;
  • quand même attrapé le premier coup de soleil de l'année.



vendredi 22 mai 2009





J'aurais jamais dû commencer Les yeux jaunes des crocodiles juste après avoir terminé le Dictionnaire des clichés littéraires. On dirait que le premier est l'annexe explicative du second.




J'ai l'impression de passer mon temps à ramasser des malentendus à la petite cuillère.



mardi 19 mai 2009




Penser au décalage horaire, ça me fait toujours une sensation curieuse. & cette ligne téléphonique si ténue, si précaire qui nous relie, je la trouve particulièrement précieuse.

Banana Yoshimoto, N.P : roman




À Gasteiz il fallait se rendre jusqu'au Correos pour les interurbains : le bureau de poste était doté de trois cabines téléphoniques à taux préférentiels & tous les immigrants de la ville s'y agglutinaient en petites files d'attente diffuses mais traîtres, où tous les autres autour étaient toujours prêts à oublier qu'ils étaient arrivés après moi. Ça ne me dérangeait pas de me faire dépasser à l'épicerie par des petites vieilles convaincues que leur âge leur méritait un accès prioritaire à la caisse, mais au Correos c'était autre chose, je n'y allais qu'une fois aux deux semaines & je n'avais pas envie de me faire voler mon tour. Surtout pas par la mère de famille guinéenne qui était toujours là en même temps que moi & qui était capable de passer une heure & demie dans la cabine téléphonique, à faire circuler le combiné parmi ses quatre marmots de deux à sept ans.

Il y avait cinq heures de décalage entre Gasteiz & le Nouveau-Brunswick. Je les appelais vers quatorze heures trente, pour les surprendre dans le creux de l'avant-midi. Je me suis souvent demandée où allait ce temps qui nous séparait -- est-ce que c'est moi qui avais perdu cinq heures en traversant l'Atlantique? Est-ce que je les regagnerais à mon retour? Est-ce que nous continuions à vivre simultanément même si leur journée était toujours moins avancée que la mienne?

J'imagine que le décalage horaire, c'est un peu notre seule chance de voyager dans le temps. Mais c'est un drôle de concept, quand même.




J'ose espérer que le vrai prénom de Banana Yoshimoto n'est pas vraiment Banana, même si au fond c'est pas tellement de mes affaires. Je ne l'avais jamais lue avant hier, & j'ai flotté dans son roman toute la journée. Elle a des ellipses magnifiques, un poésie très douce, jamais mièvre, qu'on abandonne à regret. Plein de choses déroutantes dans ce livre, de l'inceste & des mensonges & des tristesses très pesantes, mais ça me laisse surtout l'impression d'être tombée dans le rêve de quelqu'un d'autre. C'est un roman comme un souvenir un peu irréel.




dimanche 17 mai 2009





Le dimanche j’aime écouter Épilogue à CKIA parce que je trouve que ça fait très dimanche, écouter la radio. Ça, & : faire semblant de nettoyer l’appartement, terminer un livre, téléphoner à ma petite soeur. Monter en Haute-Ville pour aller faire le plein de burgul & de couscous & de farine de sarrasin à la Carotte Joyeuse, où les deux caissiers feront à mes dépens des blagues sur la grippe porcine quand ils s’apercevront que j’ai acheté des avocats mexicains. Suivre involontairement un gars qui promène son pug noir (c’est-à-dire : petit chien dodu à la face écrapoutillée) le long de la Couronne & rire toute seule sur mon bout de trottoir parce que le chien en question pousse des espèces de grognements mouillés en se dandinant au bout de sa laisse ; avoir comme un moment avec des touristes italiens qui poussent un che horrible! en le voyant passer. Nourrir ma paresse dominicale en décapsulant une bière aux framboises que je ne suis pas encore certaine d’aimer, ça m’apprendra à essayer de goûter l’été qui vient jusque dans les boissons alcoolisées.

Bref.

À Épilogue ils interviewaient un gars pour le Rendez-Vous des Publications Parallèles de samedi prochain, & je me suis aperçue à la fin de l’entrevue que c’était le fils des professeurs de russe de l’Université. (Oui, il y a deux profs au département d’études russes, & oui, ils sont mariés.) Quand je suis arrivée ici je ne comprenais pas pourquoi tout le monde disait Québec c’est petit!, pour moi Québec c’était une MÉTROPOLE, majuscules & etcétéra, mais maintenant ça commence à rentrer. Pas que je trouve ça particulièrement petit, Québec, même si je suis à peu près capable d’en tracer les limites géographiques dans ma tête (...sauf pour l’Ancienne-Lorette, j’arrive jamais à figurer c’est où exactement), mais plus j’y pense & plus c’est... consanguin. Tout plein de réseaux qui se recoupent, & comme l’impression d’être l’amie de l’ami du frère d’à peu près tout le monde.

Parfois je me dis qu’il serait peut-être temps que je m’en aille. Parfois je me dis que je commence peut-être à m’ancrer dans une vraie communauté. Je sais pas.




Ma mère m’a appris hier soir que j’ai des tendons d’Achille anormalement courts. Je lui expliquais que j’ai vraiment mal aux chevilles depuis que j’ai décidé de devenir La Fille Qui Court Le Matin, & c’est ce qu’elle m’a annoncé. Les tendons d’Achille. Première fois que j’en entends parler. Elle me dit, tu te rappelles pas, quand t’étais petite, tu marchais tout le temps sur le bout des pieds? Ben c’était à cause de ça. Moi qui rêvais d’être spéciale étant floune, d’avoir quelque chose qui oblige les autres à faire attention à moi, un souffle au coeur ou de l’asthme ou, à la limite, l’hémophilie, c’est comme un rêve d’enfant qui se réalise à retardement.

Je vais quand même continuer à courir. & relativiser la douleur du lendemain en pensant à Terry Fox.



vendredi 15 mai 2009





À l'école, surtout à la polyvalente, j'étais bonne en mathématiques. Je comprenais tout trèstrès vite, je faisais ma pseudo-surdouée en commençant mes exercices avant que le prof ait terminé ses explications, je n'avais presque jamais de devoirs. Mais vers treize ans & demi j'ai fait comme tout le monde, j'ai commencé à réfléchir au genre de personne que je voulais devenir (d'ici deux ans et demi, disons) & tout de suite ça a été très clair : pas de place dans mon plan de vie pour les mathématiques. Moi j'allais être une fille de décisions irrationnelles & de grands élans d'enthousiasme, pas ingénieure ou comptable ou, je sais pas, doctorante en physique appliquée. (J'ajouterais actuaire, mais faut dire que j'ai entendu le mot actuariat pour la première fois il y a quatre ans. Doctorante je connaissais, par exemple.)

J'ai passé les trois années suivantes à faire enrager le prof de mathématiques (...le seul que j'ai eu en dixième-onzième-douzième années parce que c'était une petite polyvalente), décrochant allègrement des quatre-vingt-dix-huit point etcétéra tout en continuant de feindre un désintérêt monumental pour la matière. Alors que c'était pas vrai. Alors que j'aimais l'algèbre, beaucoup, & la trigonométrie, & cette satisfaction tout spéciale qui vous inonde lorsque l'équation est là, au bas de la page, enfin résolue. Alors que j'aimais les cours de mathématiques, même ceux qui s'étiraient en longues explications superflues, & beaucoup plus que les cours de chimie, & de biologie, & de français, infiniment plus que l'estie de cours prétentieux de monde contemporain où j'avais eu à écrire une dissertation sur la rétrocession d'Hong Kong à la Chine.

À l'université, à Québec, je me suis pitchée dans un baccalauréat où je devais choisir une concentration. & moi j'ai vu économie & je me suis dit, comme pour me rattraper, des chiffres! enfin!. (C'est une chose que je dois dissimuler depuis, la concentration en économie. Je travaille dans le milieu communautaire & ça y est tellement mal vu que c'en est épeurant.) Mais finalement les économistes sont de très mauvais mathématiciens, le plus qu'on faisait c'était dériver des équations & ça n'a pas grand-chose d'intéressant. Avec, en prime, des heures & heures à écouter de vieux (& de moins vieux) croûtons radotter sur la main invisible du marché & la beauté de la privatisation des services publics. Enthousiasmant.

Alors maintenant j'ai vingt-trois ans & je suis un peu triste, parce que c'est quand même assez probable que je ne refasse plus jamais de vraies mathématiques nébuleuses de toute ma vie. (Je ne parle pas ici d'estimer le prix d'une épicerie avant même de passer à la caisse.) C'est pas comme le tricot ou la littérature ou le vélo de montagne, les mathématiques. Les gens n'en meublent pas leurs temps libres. Il n'y a pas de clubs qui se rencontrent une fois aux deux semaines pour parler de leur amour des identités trigonométriques. (...j'en ferais déjà partie.) Les mathématiques ont jamais été démocratisées. Emprunte un manuel de maths 436 à la bibliothèque si ça peut te faire plaisir, mais ça s'arrête là. Comme c'est tellement sérieux, faut nécessairement que ce soit inaccessible.

Prochaine étape pour mieux canaliser ma frustration : je me pars une ONG.

(Mais sérieusement. Je me suis aperçue que, faute de pratique, il y a des grands trous dans les tables de multiplication que j'avais apprises avec application en troisième année du primaire. C'est irritant.)



lundi 11 mai 2009





Je me lève à sept heures un dimanche matin pour aller courir le long de la rivière Saint-Charles. (En fait c'est une course entrecoupée de marche, mais pour les besoins de l'exercice nous utiliserons le terme courir.) Ça m'effiloche le genou gauche après vingt minutes & vraiment je suis pas très gracieuse, il n'y a que les dimanches matins très tôt pour tout pardonner, mais anyway je rencontre que des cyclistes tout de spandex vêtus & ils roulent trop vite pour remarquer tous les détails qui construisent mon ridicule -- les pantalons trop courts, le vieux chandail taché de peinture, mes cheveux que j'ai encore de la difficulté à confiner dans un élastique. Je cours doucement, de temps à autre j'observe le clapotis de l'eau contre la berge. Plus tard il pleuvra, mais dans le matin le soleil est encore très clair, il traverse les nuages comme dans toutes les grandes peintures bibliques. J'ai dans les oreilles une playlist que j'ai élaborée expressément pour ça, concoctée avec en tête ce moment à courir en regardant défiler Limoilou sur l'autre rive, & comme toujours j'ai l'impression que la chanson de Wilco que j'ai choisie ne parle que de moi, que pour moi, & que s'il y a un dieu quelque part, c'est par là qu'il me fait parvenir tous ses messages. (Lesquels se résument le plus souvent à, arrête de niaiser & fait de quoi, cibole.)




Aujourd'hui j'ai les muscles endoloris & comme un début de grippe ou d'allergies qui me trotte dans le nez, me picotte les yeux. Pas été malade de l'hiver mais avec le mois de mai c'est toujours la même chose, l'attaque en règle sur mon organisme ramolli par le printemps.

J'ai hâte aux soirées chaudes qui s'accrochent à la peau.



dimanche 10 mai 2009





Ma relation avec les plantes, n'importe quel type de plante, est très simple : elles résistent du mieux qu'elles le peuvent, mais je finis toujours par les tuer. Homicide involontaire. Même celles d'entretien facile qu'on arrose une fois aux trois semaines, même les plantes-araignées les plus coriaces -- toutes elle succombent. (J'en ai encore deux qui s'accrochent, dans mon appartement, mais j'ai l'impression que les funérailles sont pour bientôt.) Si ça ne me rendait pas aussi triste, je dirais presque que c'est un talent que j'ai.

Mais vendredi matin je me suis retrouvée avec ce drôle d'ami que je me suis fait à la marche du 1er mai, qui a une parcelle dans un des jardins communautaires de Limoilou & qui s'y rendait ce jour-là avec sa coloc pour y commencer le travail. & puis il y avait moi -- les mains dans le sol, les ongles noircis par la terre humide, à semer pour la première fois de ma vie de toutes petites graines. Du brocoli, des épinards, du chou-fleur en devenir. S les déversait de leur sachet jusque dans le creux de ma main & tout ce à quoi je pouvais penser c'est que c'est tellement fragile, minuscule, mais que quand même ça pousse & que quand même ça vit. Que les légumes que je mange proviennent d'un sol comme celui-là, je sais pas pourquoi, mais ça m'éblouit.

& après j'ai hérité d'un aloès qu'ils avaient en trop. Je me suis dit que, si je lui donnais un nom, j'en prendrais peut-être un peu plus soin, alors j'ai décidé de l'appeler Boris. Un peu en souvenir de mon politicien russe (alcoolique & corrompu) préféré, mais un peu parce que je trouve que ça lui va bien. Ce n'est pas un nom que la première plante venue peut assumer, quand même.



vendredi 8 mai 2009



Je fouille dans mes vieux cahiers & je trouve des choses que j'ai écrites :


Je pense aux choses que je veux vraiment. Voyager beaucoup, écrire des tonnes de livres. Avoir des enfants, dans très longtemps. Avoir une maison avec toute une flopée d'enfants, une maison qui pendant plus de vingt ans ne connaît pas le silence. Aimer beaucoup, sans y penser & sans en avoir peur. Me rider le visage trop jeune parce que je passe mon temps à sourire.

Concrètement je n'ai pas beaucoup d'ambition ; tout ce que je veux ce sont ces choses qui flottent & qui voguent, qui se faufilent très doucement entre les fissures du quotidien.


Je change pas beaucoup.



mercredi 6 mai 2009





Chez Rosaire Laflamme, coiffeur pour hommes, il y a :

Une tête de chevreuil empaillée, accrochée au-dessus de la porte d’entrée. Des coupures de journaux épinglés au mur qui racontent le 400e de Québec. Rien qu’un client à la fois, parce que déjà l’espace s'accommode difficilement de deux personnes. Un paravent d’inspiration japonaise qui ne semble être là que pour dissimuler un pan de mur particulièrement crade. Un petit évier, un petit miroir, un fauteuil noir de coiffeur comme il faut. Une chaise sur laquelle Monsieur Laflamme s’assoit pour lire le journal entre deux clients &, de temps à autre, jeter un coup d’oeil à travers la vitre pour zieuter les jeunes filles qui plient leurs sous-vêtements dans la buanderie d’à côté.




Tout juste quand la madame de l’assurance-emploi m’a bien fait comprendre que ma demande traînerait encore au moins deux semaines, je reçois un coup de téléphone & c’est fait, petit contrat dans un organisme communautaire, agente de l’environnement pendant trois mois. Donc tout l’été à parler d’herbicyclage avec les bons citoyens de la grande région de Québec, au soleil si je suis chanceuse, & entre-temps vacances, vraies de vraies vacances jusqu’à la fin mai.

La vie c’est joli, & j’ai une joie comme un goût de menthe dans la bouche.



dimanche 3 mai 2009





Je dors mal alors je me lève tard, plus tard que d'habitude. Je fais le ménage mais tranquillement, sans me presser ; j'ouvre les fenêtres pour que l'odeur du vinaigre ne s'accroche pas trop longtemps. J'observe les taches de rouille qui ont poussé sur mon vélo durant l'hiver. J'écoute l'album d'Émilie Proulx que j'ai emprunté à la bibliothèque, une première fois puis une autre, & c'est doux & triste & enveloppant. Pas du tout ce dont j'ai besoin même si j'ai envie de penser à toi, un peu.




Si seulement les gens pouvaient nous comprendre même quand on ne fait que les écouter.

Léo Ouellet, Un rien dans l'oeil




Il y a quelque chose qui se prépare, comme un bouleversement ou une très petite tempête. En attendant je bois du café très noir & j'apprends, en lisant la préface de Suite française, qu'Irène Némirovsky parlait basque. (En plus du russe & du polonais & de l'anglais & d'environ une demie-douzaine d'autres langues, mais vraiment ça m'intéresse moins.) & moi la seule chose que je me demande c'est où elle l'a appris, parce que tsé, elle a grandi à Kiev & à Saint-Pétersbourg, pas dans un village perdu de Zuberoa.

& pour faire un recensement complet de toutes les basqueries de cette semaine : en passant devant une librairie, il y a quelques jours, j'ai vu dans la vitrine un roman fraîchement publié, avec cette si jolie couverture qu'ont les livres du Marchand de feuilles, & l'auteure avait un nom basque. Un nom & un prénom, en fait. Le quatrième de couverture indiquait que c'est son père qui est de là-bas & pour ça, peut-être juste pour ça, c'est un livre que je lirai. & peut-être un peu pour la jolie couverture.




Plus envie de m'excuser pour tout ce que je suis pas encore, & plus envie de me terrer dans cette rancoeur triste que je traîne depuis des semaines, cibole.



samedi 2 mai 2009





Hier j'ai terminé la lecture de Québec en mouvements &, comme j'avais cette envie presque irrésistible de me faire croire que je suis militante, je me suis traînée jusqu'au coin Charest & De La Couronne pour m'incruster dans la marche du RÉPAC. Ça me faisait tout drôle d'être déjà en mai. (Ça me faisait moins drôle d'être sur le chômage depuis presque un mois.) Il y avait de gros nuages lourds qui se balançaient dans le ciel & je n'avais pas vraiment les vêtements appropriés pour me fondre dans la masse de néo-hippies & anarchistes & vrai(e)s de vrai(e)s militant(e)s qui grouillait autour, mais je suis restée parce que les musiciens se sont mis à jouer & que vraiment c'était incroyable, ce contraste entre les débuts de pluie grise & le son si clair des trompettes. & aussi parce que je suis tombée sur Arrate, qui est Basque & qui est de Gasteiz & qui, après huit mois ici, connaît la moitié de la population de la ville de Québec.

(Arrate qui est une fille, en passant. Les prénoms basques sont parfois trompeurs.)

Dans les marches & les manifestations & ce genre de choses, je finis toujours par perdre les gens que je connais & me faire des amis de circonstance, des personnes qui demandent, entre deux slogans, combien de frères & soeurs j'ai. Cette fois-ci c'était un anarchiste espagnol, gentil même s'il s'indignait contre le caractère exclusif de l'identité québécoise, & tellement grand que, même perchée sur le trottoir, je lui arrivais pas au menton. Aussi un autre garçon, en fait plus un jeune homme qu'un garçon, plus petit que moi & joueur d'accordéon & supra-écologique, qui fait pousser des courges biologiques sur son toit & qui réalise des courts métrages à temps partiel. (Les slogans ont pris le bord.)

Finalement je suis allée pique-niquer au Parc Victoria avec l'un & j'ai été voir Nos enfants nous accuseront au cinéma avec l'autre ; avec tout plein d'autres amis à eux, quand même. Me suis retenue à deux mains pour pas passer mon temps à me sentir trop mainstream, & me suis endormie en me disant que ç'avait été une journée toute en imprévus agréables.




& avril 2009

The View from Castle Rock : Stories, Alice Munro
Eat, Pray, Love, Elizabeth Gilbert
Éloge du chiac : poésie, Gérald Leblanc
Monsieur Malaussène, Daniel Pennac
Mégot mégot petite mitaine : nouvelles, Johanne Alice Côté
Pour une nouvelle narration du monde : humanité, biens communs, vivre ensemble, Riccardo Petrella
The Amber Spyglass, Philip Pullman
Le vieux camion vert, Marc Panneton
Chronicles : Volume One, Bob Dylan
Qui a tué Magellan? & autres nouvelles, Mélanie Vincelette
La chute, Albert Camus
Prochain épisode, Hubert Aquin
Je voudrais me déposer la tête, Jonathan Harnois
Des chrétiens & des Maures, Daniel Pennac
J'ai de mauvaises nouvelles pour vous : nouvelles, Suzanne Myre
Aux fruits de la passion, Daniel Pennac